Quand on interroge les propriétaires de
chevaux mais aussi les propriétaires d’autres animaux de
compagnie sur ce qu’est l’équarrissage, on s’aperçoit
vite que peu savent ce dont il s’agit en réalité.
Beaucoup pensent que c’est une incinération de type
industrielle. C’est d’ailleurs l’information que donnent
certaines associations de protection animale. Pourtant,
l’équarrissage ce n’est pas ça… Pourquoi cette
méconnaissance ? Peut-être parce que c’est plus
facile ou moins douloureux de ne pas savoir ou de croire que
l’équarrissage c’est propre et c’est respectueux de
l’animal…
Propriétaires de chevaux, amis
des animaux, il est temps d’ouvrir les yeux !
L’équarrissage est l’ensemble
du processus de transformation industrielle des déchets
animaux, c’est-à-dire de tout ce qui est impropre à
la consommation humaine, pour en extraire les graisses et les
protéines ou farines animales. Ce n’est que dans le stade
ultime que ces farines sont incinérées.
L’équarrissage concerne une
partie des sous-produits animaux (24% du total) : les Matières
Animales Infectieuses. Il s’agit là de tous les cadavres
d’animaux morts de façon suspecte (vieillesse, maladie,
accident… ; animaux de ferme, chevaux mais aussi chiens et
chats), des Matières à Risque Spécifié
issues des abattoirs (MRS : cervelle, œil, moëlle
épinière, intestins…) et des bovins ayant côtoyé
une bête atteinte d’ESB.
La collecte des animaux morts et
le transport
Quand un cheval décède,
le vétérinaire ou le propriétaire contacte le
service de l’équarrissage qui intervient plus ou moins
rapidement selon le jour et le nombre d’animaux à ramasser.
Le véhicule qui assure la collecte saisit l’animal avec une
griffe et le dépose sur les autres corps. L’enlèvement
est un moment très difficile à passer : rien n’est
fait avec délicatesse, il n’y a aucun respect du corps de
l’animal et les odeurs dégagées par les corps parfois
en décomposition des autres animaux sont difficiles à
supporter. La dépouille est ensuite acheminée soit
directement vers une usine d'incinération pour y être
incinérée comme déchet soit vers une usine de
transformation agréée pour le traitement des catégories
1et 2, soit vers un établissement intermédiaire.
Les matières de catégorie
1 comprennent les sous-produits animaux suivants :
toutes les parties du corps, y compris les
peaux, des animaux suspectés ou atteints d'infection par une
encéphalopathie spongiforme transmissible ( EST
), des animaux abattus dans le cadre de mesures d'éradication
d'une EST, des animaux familiers, des animaux de zoo et de cirque,
des animaux
utilisés à des fins expérimentales
, des animaux sauvages suspectés d'infection par une maladie
transmissible ;
les matériels à risque spécifiés
en tant que tissus susceptibles de véhiculer un agent
infectieux ;
les produits dérivés d'animaux
ayant absorbé des substances
interdites ou contenant des produits
dangereux pour l'environnement ;
toutes les matières animales recueillies
lors du traitement des eaux résiduaires des usines de
transformation de catégorie 1 et des locaux où sont
enlevés les matériels à risque spécifiés
;
les déchets de cuisine et de table
provenant de moyens de transport opérant au niveau
international ;
les mélanges de matières de
catégorie 1 et de catégorie(s) 2 et/ou 3.
Les matières de catégorie
2 comprennent les sous-produits animaux suivants :
le lisier et le contenu de l'appareil digestif
;
toutes les matières animales autres que
celles appartenant à la catégorie 1 et recueillies
lors du traitement des eaux résiduaires des abattoirs ;
les produits d'origine animale contenant des
résidus de médicaments vétérinaires et
de contaminants dont les concentrations excédent les limites
communautaires ;
les produits d'origine animale, autres que les
matières de catégorie 1, importés de pays tiers
et ne satisfaisant pas aux exigences vétérinaires
communautaires ;
les animaux hors catégorie 1 n'ayant pas
été abattus pour la consommation humaine ;
les mélanges de matières des
catégories 2 et 3.
À l'exception du lisier, la
manipulation et l'entreposage temporaires des matières de
catégorie 2 ont obligatoirement lieu dans des établissements
intermédiaires agréés et de même
catégorie. Collectées, transportées et
identifiées sans retard, ces matières sont :
directement incinérées comme
déchets dans une usine d'incinération agréée
;
transformées dans une usine agréée
selon une méthode spécifique, auquel cas le produit de
cette transformation est marqué et finalement éliminé
comme déchet ;
ensilées ou compostées s'il
s'agit de matières issues de poissons ;
dans le cas du lisier et du contenu de
l'appareil digestif, du lait et du colostrum ne présentant
aucun risque de propagation de maladie transmissible, soit a)
utilisées sans transformation comme matières premières
dans une usine de production de biogaz ou de compostage ou traitées
dans une usine de produits techniques, soit b) appliquées aux
sols ;
utilisées dans une usine de produits
techniques pour la confection de trophées de chasse.
Un établissement intermédiaire
des catégories 1 et 2 assure « la manipulation et
l’entreposage temporaires de matières non transformées
des catégories 1 et 2 en vue de leur transport vers une
destination finale et dans lequel certaines activités
préliminaires de transformation telles que le prélèvement
des peaux ou la réalisation d’inspections post-mortem
peuvent être menées » (règlement
1774/2002 du Parlement Européen et du Conseil du 3 octobre
2002). Le passage par un établissement intermédiaire
allonge considérablement le délai qui sépare la
mort de l’animal de son traitement industriel. Et c’est encore
des manipulations traumatisantes supplémentaires pour le corps
de l’animal !
La dépouille, après avoir
souvent transitée par un établissement intermédiaire,
est traitée en usine de transformation. Il s’agit là
d’un « établissement assurant le traitement des
matières de catégorie 2 avant leur élimination
finale ou une nouvelle transformation » (règlement
1774/2002 du Parlement Européen et du Conseil du 3 octobre
2002). Mais que se passe-t-il exactement à ce stade ?
L’équarrissage, de la
grande cuisine : broyage, cuisson, deshydratation et
incinération
Les usines ne fonctionnent rarement en
flux tendu si bien que les cadavres et MRS sont stockés,
pendant un certain temps qui peut être variable, dans le clos
d’équarrissage. Dépouillés ou non, ces
cadavres sont ensuite mis dans une trémie pour être
broyés. La bouillie de viandes, d’abats et d’os ainsi
obtenue subit ensuite une cuisson sous certaines conditions de
température, de pression et de durée. Le process de
transformation dans les cuiseurs aboutit à la production de
farines grasses de viandes et d’os, farines dites « à
haut risque ». Ces farines sont susceptibles de contenir
le prion (vache folle) car les conditions de cuisson ne permettent
pas de le détruire.
Les farines sont ensuite pressées pour en
extraire les graisses et les déshydrater. Une fois les farines
sèches et les graisses séparées, celles-ci sont
stockées. Dans le meilleur des cas, les farines sont stockées
dans des silos mais il arrive régulièrement qu’elles
soient stockées simplement sous hangar, voire parfois à
l’extérieur, exposant l’environnement à des risques
sanitaires. Elles sont ensuite acheminées la plupart du temps
vers les cimenteries industrielles qui les éliminent par
incinération ou vers les usines d’incinération où
elles subissent un traitement thermique et dont les substances qui en
résultent sont incinérées.
Les graisses, elles, peuvent être
valorisées en combustible dans l’unité même.